Classe : Crustacé - Tribu: Homards et écrevisses - Familles : écrevisses européennes - Genre : Autropotamobius

Classe Crustacea : Existence d'une carapace, repli tégumentaire induré recouvrant latéralement les branchies et soudé dorsalement aux divers segments sous-jacents.
Le corps comprend 20 somites : 5 céphaliques 8 thoraciques 6 abdominaux + telson

Ordre Decapoda : 5 paires de pattes ambulatoires par opposition aux Décapodes nageurs (crevettes)

L'écrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes) se distingue des autres espèces par une teinte plus claire de la face inférieure des pinces. Les critères déterminants sont surtout la présence d’une seule rangée d’épines (généralement de 1 à 5) en arrière du sillon cervical céphalothorax, un rostre à bords convergents avec une crête médiane peu marquée et non denticulée dans sa partie antérieure, une seule pointe postorbitale et un éperon à la base de l'endopodite sur la patte (appelé pléopode) n°2 du mâle.

L'espèce présente un dimorphisme sexuel. Le mâle se distingue de la femelle par la patte (appelé pléopode) n°1 en forme de baguette et deux orifices correspondant aux spermiductes au niveau des pattes locomotrices. A l'inverse la femelle présente deux orifices correspondant aux oviductes au niveau des pattes locomotrices 3 alors que la patte (appelé pléopode) n° 1 est très peu développé ou absent.

L'écrevisse à pieds blancs atteint sa maturité à l'âge de 3 ou 4 ans. L’accouplement a lieu en automne durant les mois d'octobre et novembre lorsque la température est inférieure à 10°C pendant une période prolongée. Le mâle renverse la femelle sur le dos et dépose le liquide spermatique autour des orifices externes des oviductes de la femelle. La ponte des oeufs a lieu quatre à six semaines plus tard. La femelle porte entre 80 et 120 oeufs sur la face ventrale de l’abdomen où ils sont soumis à un courant constant assuré par les mouvements des pattes. L'incubation dure 6 à 9 mois. Cette durée varie en fonction de la température de l’eau. L'éclosion a lieu fin mai-début juin. Les juvéniles deviennent autonomes environ 10 jours après éclosion, dès leur première mue. Les juvéniles effectuent cinq mues de juillet à septembre, puis une pendant chaque mois de mai à juillet l’année suivante, soit un total de huit mues pour la première année. Ce nombre de mues est réduit à quatre la deuxième année de vie puis à deux mues
annuelles chez les mâles âgés de trois ans et plus contre une pour les femelles de même age.

Le premier type de prédation observée est de type intra spécifique puisque les juvéniles sont soumis au cannibalisme. L'espèce peut par ailleurs être prédatée par les autres
espèces d’écrevisses.

Les prédateurs sont essentiellement des poissons (truites, chabots et autres poissons partageant son habitat), certains oiseaux (corbeau, héron cendré, martin pêcheur, hulotte) ainsi que certains mammifères.

Parmi les pathologies touchant l’espèce, on répertorie les bactérioses (Pseudomonas, Citrobacter) et les parasitoses (« maladie de la porcelaine », cestodes, némathodes, trémathodes, sangsues). Les plus fréquentes sont les mycoses dont l’Aphanomycose ou « peste des écrevisses ». La peste des écrevisses est la plus courante et la plus foudroyante des maladies concernant A. pallipes. Le transfert de populations et l’introduction des écrevisses américaines Pacifastacus leniusculus et Orconectes limosus participent de façon significative au transfert de ce pathogène, ces deux espèces étant porteuses saines de l’Aphanomycose.

Son aire de répartition est aujourd'hui grandement réduite à cause de plusieurs facteurs essentiellement d'origine anthropique et induisant une dégradation de la qualité physico-chimique de l’eau et une modification des paramètres physiques du lit mineur des cours d’eau.
La pollution chimique particulièrement par les pesticides est impliquée dans la disparition de nombreuses populations d'espèces à pieds blancs notamment en Poitou-Charentes. On peut également citer les métaux lourds et les xénobiotiques (effets encore très peu évalués sur les populations).
La dégradation physique de l’habitat de l’espèce reste le plus important facteur de
disparition des populations. Ainsi tous travaux d'ingénierie peuvent être mis en cause dans la destruction de l'habitat et de milieux favorables à l'espèce. On peut citer la chenalisation des cours d’eau (homogénéisation de l’habitat), les extractions de matériaux en aval des sites à écrevisse (d’où une incision régressive du cours d’eau entraînant une perturbation des écoulements naturels), le drainage de zones humides, les captages ou encore la construction de mares ou d'étang. Tout cela entraîne un changement des paramètres physico-chimique des cours d'eau et peut provoquer l'incision, la diminution du débit d'étiage et des capacités d'autoépuration.
Les modifications thermiques dues au changement de débit (barrages, captages de
source, …) peuvent décimer les populations. La destruction de la ripisylve participe au réchauffement estival des eaux pouvant devenir létal pour l’espèce. Cela induit également une perte d'habitats susceptibles d'abriter l'écrevisse ainsi qu'une diminution de l'apport en matières organiques.